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Peut-on parler sereinement de bio en Wallonie ? L'UNAB réagit à l'édito du Pleinchamp

Si les moissons sont derrière nous, c'est avec une histoire de paille que nous souhaiterions réagir à l'Edito publié par la FWA dans le Pleinchamp du 07/09/23 ainsi que sur le Web. Si vous avez raté ça, vous pourrez le lire ici : https://www.fwa.be/actualites/ensemble-cest-tout





Rétroactes


L'APAQ-W, l'organisme chargé de communiquer sur les produits et productions agricoles wallonnes, a reçu une enveloppe de 270.000€ du Gouvernement wallon pour organiser une campagne de communication bio de grande ampleur, à la radio et à la télévision. L’objectif est bien entendu de communiquer sur les valeurs de l’agriculture biologique, pour encourager le consommateur à consommer bio (conformément aux objectifs du Gouvernement qui espéraient atteindre 30% de SAU en Bio en 2030).


En voilà une bonne idée ! Le secteur bio a donc été consulté par l’APAQ-W en amont de la conception de la campagne. Le message du secteur était clair et bien reçu : communiquons sur les aspects essentiel de la règlementation bio, pas toujours suffisamment connue. L'APAQ-W a donc fait son job et établi un projet de plan de communication sur cette base, qui a ensuite été débattu au CA de celle-ci, comme le mentionne la FWA dans son article.


Dire du bien de l'un = dire du mal de l'autre ?


Il semble que le sujet ait malheureusement fait débat, autour des mots à utiliser pour ne risquer de froisser personne : des phrases de type « en bio, pas de pesticide de synthèse », qui correspondent pourtant au cahier des charges, auraient été remises en question. Parler en bien du cahier des charges bio reviendrait en effet à parler en mal de l'agriculture conventionnelle... Comme si relever les qualités d'un de ses enfants équivalait à critiquer le second ? Bref, après plusieurs aller-retours entre l'APAQ-W, le GT communication du secteur bio et le CA, l'APAQ-W devra valider le projet final. Avec un message édulcoré par rapport aux premiers projets ?


Le mal est fait : malgré cette fronde contre les valeurs de l’agriculture biologique, certains ont voulu aller encore plus loin. La FWA s’est en effet fendue d’une communication incroyable, parue ce mercredi sur le Web et via Facebook, et publiée dans le Pleinchamp (https://www.fwa.be/actualites/ensemble-cest-tout)


Florilèges


« Certains agriculteurs, dans le but de promouvoir la production biologique, ont décidé de proposer une communication particulièrement clivante. Le principe : des denrées alimentaires associés aux principaux arguments de vente du bio ».

« Comment se permettre d’exiger le respect pour l’agriculture quand les agriculteurs ne se respectent pas eux-mêmes entre eux ? »

« Il est inadmissible aujourd’hui, lorsque l’on voit tout ce qui est développé par chacun des agriculteurs défendus par notre Fédération, d’encore opposer Bio et conventionnel comme s’il s’agissait de frères ennemis ! »

« la seconde victime sera le consommateur, qui devant des messages aussi brouillés et discordants, ne pourra que baisser les bras devant une communication vide de sens et de valeurs. »

« Nous sommes évidemment convaincus que l’Apaq-W assumera pleinement, comme elle l’a toujours fait, son rôle, celui de promouvoir une agriculture de qualité, et non d’une agriculture divisée. »


Pour l'UNAB, ce type de positionnement est néfaste à plus d'un titre :

  1. Ce type de pression politique sur un organisme public nous semble tout à fait déplacé.

  2. Il fait l'exact opposé de ce qu'il prétend faire en risquant de monter les agriculteurs les uns contre les autres

  3. Il démontre un problème systémique profond : tant que le fait de simplement évoquer les particularités réglementaires de l’agriculture biologique sera instrumentalisé comme étant une attaque envers tout un pan de la profession, on ne pourra pas avancer.

Soit Bio et tais-toi !


Le renversement de valeur qui apparaît dans cet article nous laisse pantois et démontre l’impossibilité de trouver sereinement une parole commune sur le bio et l’agriculture durable en Wallonie.

Comme souvent, le secteur bio est ici considéré (et dénoncé) comme le méchant, qui montre du doigt l'agriculteur conventionnel qui fait ce qu’il peut. En terme de communication, le secteur bio marche pourtant constamment sur des œufs en évitant « d’opposer deux mondes », tout en payant volontairement les contrôles prouvant qu’il travaille de manière vertueuse. Mais ça ne suffit vraisemblablement plus. Il doit maintenant se taire.


La paille et la poutre


C'est un classique de la bible : dénoncer la paille dans l'oeil de son voisin, sans voir la poutre dans le sien... En effet, ce qui choque le plus, c’est que ce genre de prise de position, de la part d’une fédération, tente d'instrumentaliser les agriculteurs. Elle est de nature – au contraire de ce qui est recherché (?) dans l’article – à les monter les uns contre les autres. La dénonciation n’entraînant que de la frustration. La frustration n’entraînant que la colère. Pourtant, sur le terrain, nous ne rencontrons pas ce type d’opposition bio/conventionnel. Beaucoup d’agriculteurs bio sont d’ailleurs actifs dans des fermes mixtes, alliant une part de conventionnel et une part de bio.

Sur le terrain, nous ne rencontrons pas ce type d’opposition bio/conventionnel. Beaucoup d’agriculteurs bio sont d’ailleurs actifs dans des fermes mixtes, alliant une part de conventionnel et une part de bio.

Les objectifs politiques européens et wallons en matière de SAU bio sont décidément encore loin… Pour être acceptés, ils demanderont un énorme effort de communication et d’éducation à destination des professionnels, gestionnaires et acteurs du secteur agricole, et non pas seulement des consommateurs comme on l’a longtemps cru.

Il y a plusieurs manières de voir les choses : nous pensons pour notre part qu'une communication positive sur les forces de l'agriculture bio est de nature à renforcer positivement l'image de l'ensemble du secteur.


Quoiqu'il en soit, pour l’UNAB, le secteur bio a aujourd’hui tout intérêt à se montrer fort et à communiquer plus clairement sur ses plus-values : ne tombons pas dans le piège qui consisterait à se taire sous la contrainte.


Soyons fiers de notre travail, soyons fiers de notre production, soyons fiers des plus-values sociétales de l’agriculture biologique. Soyons fiers et disons-le avec respect, ouverture et humilité, comme ça a toujours été le cas à l’UNAB.




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