Face au déclin de la biodiversité, à la perte d’habitats naturels, à la détérioration des sols et des écosystèmes aquatiques, l’Union européenne tente enfin de réagir. La loi de Restauration de la Nature ambitionne de restaurer une partie des habitats naturels détériorés ou modifiés par l’homme. Malheureusement, elle rencontre une opposition d’une partie du monde agricole. De son côté, l’UNAB soutient le texte. En effet, Nature et Agriculture sont directement liées : l’agriculture dépend étroitement de l’état de la Nature.
La loi de restauration de la Nature est en cours de discussion au niveau européen. Elle ambitionne de restaurer une partie des écosystèmes naturels détruits ou modifiés par l’homme. Notamment, le texte propose d’inverser le déclin des pollinisateurs et des oiseaux, d’augmenter la biodiversité dans les écosystèmes agricoles, de restaurer une partie des zones à haute diversité biologique sans exclure les activités économiques qui s’y déroulent, etc. Le tout, dans des délais de 30 à 50 ans (!).
Pourquoi une telle loi ? Parce que nous assistons en quelques dizaines d’années à une disparition massive de la biodiversité, en particulier dans les zones agricoles : 70% des insectes et 60% des oiseaux des milieux agricoles ont déjà disparu en Wallonie. L’eau et les sols sont pollués, et les zones d’habitat naturel et éléments de maillage disparaissent.
Plus encore : on sait aujourd’hui de façon certaine que la biodiversité et les écosystèmes sains sont essentiels à la productivité et à la résilience des systèmes agricoles. Face à cette situation, la conclusion de la Commission européenne est qu’il est urgent d'inverser la tendance à la perte de biodiversité qui s'accélère face aux pratiques agricoles très intensives. Logique. La Loi de Restauration de la Nature était née. Il était temps.
Agriculture vs. Nature ?
Formidable et urgente, cette loi, donc ? Pas pour tout le monde. Des voix s’élèvent contre elle dans le monde agricole, brandissant souvent des arguments discutables. Revoilà par exemple celui de la sécurité alimentaire servi à toutes les sauces. On sait pourtant qu’il n’est pas valide. Exemple : 30% des surfaces de céréales wallonnes sont dédiées à la production d’agrocarburants. On nourrit donc les bagnoles, ça laisse de la marge.
En portant à Bruxelles et dans les médias le message politique que les agriculteurs s’opposent à la Loi de Restauration de la Nature, les grands acteurs agricoles européens risquent encore d’abîmer l’image des agriculteurs. Pourtant, beaucoup d’entre eux souhaitent travailler en partenariat avec la Nature. Et beaucoup le font déjà.
Oui, il est possible de produire des aliments nutritifs et en quantité suffisante tout en préservant la biodiversité, l’eau et les sols, en stockant le carbone dans les sols et en rendant notre production alimentaire plus résistante aux effets croissants du changement climatique : l’agriculture biologique en est un exemple concret et validé scientifiquement.
Malgré les nombreuses contraintes liées au métier d’agriculteur – et peut-être même à cause de ces contraintes - il est désolant de voir certains acteurs tirer contre leur camp. L’opposition à la Loi de Restauration de la Nature, pour de mauvaises raisons, porte deux grands risques : à long terme, celui de retarder une prise de conscience nécessaire sur l’importance de la Nature pour l’Agriculture (et quand c'est trop tard, c'est trop tard!). A court terme, celui de faire à nouveau croire à la population que l’Agriculture s’oppose à la Nature. Les agriculteurs n’avaient pas besoin de cette mauvais pub.
Nature et Agriculture, un destin étroitement lié
Il est grand temps de rappeler et rappeler encore que l’agricultrice et l’agriculteur sont nécessairement liés à la Nature. Par le sol, par l’eau, par la plante, par les auxiliaires de culture. En Bio, les auxiliaires de cultures sont nos alliés directs, en l'absence de traitement chimiques. Toutes les études s’accordent à dire que c’est la nature (biodiversité, maillages, vie du sol…) qui peut atténuer les chocs climatiques à venir et supporter les rendements. L' l’INRAE, parmi d'autres, tire ce constat.
Pour assurer la sécurité alimentaire à long terme en Europe et au-delà, les décideurs politiques ont le devoir d'aider les agriculteurs à préserver le capital naturel dont nous dépendons pour produire notre alimentation. Le soutien public au maillage et aux MAEC devrait être renforcé. Ces efforts ne devraient pas être pénalisés par des appels malavisés à l'affaiblissement de la législation environnementale.
L’UNAB appelle donc les responsables politiques à soutenir la Loi sur la Restauration de la Nature et les autres règlementations à visée environnementale. En soutenant les agriculteurs, il est urgent d'avancer enfin vers des objectifs ambitieux en la matière.
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