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Congrès UNAB – Le Bio wallon sous la loupe : Retour sur les enseignements de la journée

Dernière mise à jour : 26 juin 2023

Le 07 mars 2023, le secteur Bio se réunissait à l’initiative de l’UNAB pour son Congrès. Plus d’une centaine de participants sont venus écouter des intervenants de haut vol et débattre sur le futur de l’agriculture Bio, les défis qui la traversent et les dispositifs développés pour la soutenir en Wallonie. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les échanges étaient denses ! Vous trouverez ici une tentative de résumé qui vous donnera certainement envie de ne pas rater l’édition 2024.


==> Les supports de présentation des intervenants sont dispos en fin de page


Pas le temps de tout lire ? Voici la synthèse de la synthèse
  • La crise actuelle du secteur Bio est aussi structurelle : elle demande une action coordonnée entre tous les acteurs et une meilleure affectation des moyens en faveur de la structuration des filières, la création de débouchés, la communication et la recherche.

  • Côté marché, la priorité est aux filières, mais les aides PAC restent utiles et nécessaires pour la production. Si tout n’est pas parfait dans la nouvelle PAC, les discussions entre le Ministre Borsus et les syndicats, dont l’UNAB, ont débouché sur un compromis plutôt satisfaisant pour nos producteurs. Du côté des MAEC, Natagriwal rappelle que les agriculteurs Bio ont tout à gagner à intégrer des éléments de maillage écologique : plus de biodiversité = moins de ravageurs !

  • Sur les filières et la stratégie, ça bouge : panier bio et approche franchisés du Collège des Producteurs, collectivités avec la Ministre Tellier, concertation de chaîne avec le Ministre Clarinval, implication de l’Horeca avec l’UNAB, travail sur les débouchés de Biowallonie… Mais c’est encore trop peu coordonné.

  • L’agriculture Bio est toujours pionnière. C’est la seule à avoir anticipé depuis les années 80 tous les grands enjeux qui traversent aujourd’hui le système agricole et alimentaire. A l’heure actuelle, le Bio est le système de production agricole qui répond le mieux, de manière scientifiquement avérée, aux défis de biodiversité, de qualité des eaux et des sols et de santé.

  • Pourtant, le Bio souffre de la confusion avec des concepts concurrents, moins encadrés, parfois vagues ou peu étudiés : local, agroécologie, agriculture de conservation, agriculture régénérative... La clé réside dans la complémentarité : il faut penser en « ET » et plus en « OU ». Le bio doit rester la constante vu ses avantages sociétaux démontrés, auquel peuvent s’ajouter l’agroécologie, l’agriculture de conservation…et le « local ».

  • On en vient au choix Bio vs. local. Scientifiquement, un produit durable est un produit D’ABORD Bio ET ENSUITE local. L’idéal étant évidemment Bio ET local. Coucou Biogarantie Belgium !

  • Le Bio doit oser se différencier des autres pratiques agricoles. Et les autorités publiques doivent assumer cette différenciation par une communication engagée.

  • La communication et l’éducation des consommateurs sont importants, mais pas des réponses miracles : ce n’est pas le consommateur qui fixe les prix. La consommation dans son ensemble doit être repensée, grâce à des choix de politiques publiques forts (TVA 0% sur les produits bios pour les rendre plus accessibles voire, pour le Prof. Philippe Baret, totalement supprimer la pub sur les produits alimentaires). Une priorité : la transparence des systèmes alimentaires (formation des prix, marges, flux de marchandises….).

  • Aujourd’hui, l’UNAB veut avancer plus vite, plus fort, plus loin, en fédérant l’ensemble du secteur Bio wallon et belge et en mettant les moyens là où il faut : communication, coordination, synergies. Car avec plus de Bio, tout le monde y gagne !

 
Envie d'en savoir plus ? Voila le compte-rendu complet :

Au boulot !


On en a beaucoup entendu parler, et c’est vrai : le Bio est dans une posture difficile en ce moment. Pourtant, il répond à la plupart des grands enjeux sociétaux d’aujourd’hui. Il est donc temps de se bouger pour le renforcer. Pour l’UNAB, cette situation exceptionnelle repose sur des causes structurelles que la guerre d’Ukraine n’a fait que mettre en lumière.

L’UNAB demande que tous les acteurs (privés et institutionnels) travaillent ensemble (en synergie !) pour stabiliser la situation, puis envisager sereinement un développement futur de l’agriculture biologique.


Globalement, les outils sont là : côté producteur, la nouvelle PAC offre des perspectives pour les agriculteurs Bios. Tout n’est pas parfait, mais la comparaison avec d’autres pays nous montre que les agriculteurs wallons ont obtenu un bon compromis et les discussions entre le Ministre Borsus, l’UNAB et les autres syndicats ont été constructives.


Côté stratégie de développement, un Plan Bio wallon mobilise des moyens budgétaires très importants. Ces moyens sont-ils utilisés de la manière la plus efficace possible, en particulier dans cette période de crise ? Pas sûr. Pour l’UNAB, il y a des choses à revoir pour gagner en efficacité.

L’enjeu est important et on ne peut pas se permettre de tensions entre acteurs qui ont tous le même but : le développement de l’agriculture biologique en Wallonie.


Débouchés, débouchés, débouchés !


Le secteur se remonte les manches et prend son destin en main. L’UNAB a averti les autorités de l’importance de développer les débouchés et des filières structurées depuis longtemps. Elle y a travaillé sans attendre, tout comme le fait Biowallonie. Des approches novatrices commencent enfin à émerger pour construire des filières et des perspectives stratégiques de long terme pour le Bio : panier bio hebdomadaire et approche franchisés du Collège des Producteurs, cuisines de collectivités de la Ministre Tellier, concertation de chaîne impliquant le secteur Bio discutée avec le Ministre Clarinval, implication de l’Horeca avec l’UNAB et son projet « Entier »… Elles doivent toutes être développées au plus vite, et d’ores et déjà renforcées.


Pour le professeur Baret, les transformateurs (qui captent l’essentiel de la marge) et les GMS doivent faire l’objet d’une attention particulière. Ces acteurs doivent comprendre l’intérêt collectif d’une démarche réellement plus durable et d’un prix rémunérateur pour les producteurs. Une mise en concurrence publique sur base de la composition de leur approvisionnement ou de la formation de leurs prix, avec un focus Bio, serait un premier pas intéressant (voir le projet « Superlijst »). Un observatoire très précis des prix et mécanismes de marché est aussi une condition nécessaire pour garantir une transparence des pratiques commerciales et économiques.


Dans les débats, un point important ressort : attention à ne pas tout focaliser sur les GMS et leur 55% de part de marché : les épiceries locales et Bio souffrent, alors qu’elles représentent 45% des produits Bio vendus et ont un ancrage très local. Elles doivent être renforcées et accompagnées pour développer leurs avantages comparatifs : proximité, conseil, accueil, qualité…et approvisionnement Bio à prix compétitif. Tout le monde est d’accord sur ce point.


L’agriculture biologique est un système et fait partie d’un système. Elle ne peut pas rester en marge. Elle y a d’ailleurs toute sa place, puisqu’elle est la seule à avoir anticipé depuis les années 80 tous les grands enjeux qui traversent aujourd’hui ce système agricole et alimentaire : globalisation, autonomie, environnement, santé, climat, biodiversité, sols…


Le Bio, pas sexy ?


Philippe Baret est catégorique (nous aussi) : à l’heure actuelle, le Bio est le système de production agricole qui répond le mieux, de manière scientifiquement avérée, aux défis de biodiversité, de qualité des eaux et des sols et de santé (santé des consommateurs, des producteurs, de la faune et la flore…) en lien avec l’agriculture. « L’agriculture biologique est en Champions League des systèmes agricoles ». On note et on apprécie. Pourtant, elle n’a pas la possession de balle : elle n’est plus perçue aujourd’hui comme la solution par une série d’acteurs qui lui préfère des concepts plus sexys…et moins encadrés. Le Bio est perçu comme Has Been, alors qu’il est plus que jamais d’actualité…Dur.


Pour ces raisons, le Bio doit oser se différencier des autres pratiques agricoles. Et les autorités publiques doivent assumer cette différenciation par une communication engagée. Attention, cette différenciation ne doit pas opposer les pratiques conventionnelles et biologiques, mais reconnaître les avantages globaux (y compris économiques) d’une agriculture bio par définition sans phytos. L’APAQ-W a reçu des moyens supplémentaires pour communiquer : elle a tout à gagner à organiser cette communication AVEC les agriculteurs Bio !


Le Bio souffre de la confusion avec des concepts commerciaux, trop vagues voire scientifiquement douteux : local, agroécologie, agriculture de conservation ou agriculture régénérative. Pris séparément, ces concepts souvent vagues sont autant de promesses de durabilité soit non vérifiées, soit qui impliquent des reculs environnementaux. Comment aujourd’hui accepter l’utilisation de phytos dont les coûts sociétaux sont reconnus, pour préférer un hypothétique stockage de carbone dans les sols ? Face à cela, il faut penser en « et » et plus en « ou » : le bio doit rester la constante, à laquelle peut s’ajouter l’agroécologie ou l’agriculture de conservation, par exemple. Ces concepts sont bien complémentaires !


Local ou bio ? Réponse : Bio ET local > Bio > Local !


Les discussions continuent autour du concept de localité : le local, c’est bien, mais les avantages d’un « tout au local » restent scientifiquement incertains (quid du bilan carbone d’une tomate Bio italienne vs. une tomate sous serre chauffée belge ?). Un produit durable est un produit D’ABORD bio et ensuite local. L’idéal étant évidemment Bio ET local. Le local peut être envisagé comme européen dans le cas de denrées non produites en saison en Belgique (Olive, tomates, oranges, tournesol…).


Il existe un outil pour unir ces opportunités de filières Bio ET locales : le nouveau label Biogarantie Belgium qui garantit du Bio et une production 100% Belge (y compris la transformation). En plus, il est gratuit pour les producteurs en 2023 et 2024…


L’assemblée débat et certains misent beaucoup sur le Consommateur, qui a un rôle de moteur au travers de ses choix alimentaires. Mais attention, répond Philippe Baret : c’est trop facile de lui remettre toute la responsabilité ! Ce n’est pas le consommateur qui fixe les prix. La consommation dans son ensemble doit être repensée, grâce à des choix de politiques publiques forts (supprimer la pub sur les produits alimentaires, TVA 0% sur les produits bios…). Une première étape : connaître en transparence le système agroalimentaire pour l’analyser et le faire progresser (influences, formation des prix, flux de marchandises,…). Là, c’est le boulot de la recherche sur les systèmes agroalimentaires, quasi inexistante à ce jour.


En passant, une petite piqûre de rappel : la recherche en agriculture biologique a 50 ans de retard : ce n’est pas avec un million d’Euros péniblement débloqué dans le Plan Bio que ce retard sera rattrapé. De même, la recherche concernant les systèmes alimentaires et leur économie manque de cerveaux. Du côté de l’UNAB, on aimerait avoir un décompte des budgets investis dans la recherche sur l’agriculture de précision, la réduction des phytos et nitrates, la robotique agricole, l’intelligence artificielle et autres drones, histoire de comparer.


(Bio)diversité


Après un exposé clair et complet sur la PAC et le Bio, par le SPW, c’est au tour de Natagriwal de venir challenger l’agriculture Bio : en matière de biodiversité, le Bio est un bon élève, par la suppression des pesticides. Elle peut toutefois encore renforcer son rôle protecteur en intégrant plus d’éléments de maillage écologique, ou en réduisant la taille des parcelles. C’est surtout un enjeu en grandes cultures, où les MAE ont un rôle favorable pour les rendements grâce à une action renforcée des auxiliaires de cultures !


Le fait de simplement diviser une parcelle par une bande aménagée ou une haie a un impact énorme en matière de biodiversité et d’action des auxiliaires. Globalement, plus on compte de surface composée d’éléments favorables (haies, bandes fleuries, bosquets, bordures non fauchées…), plus la situation est favorable. C’est tout bénéfice pour les agriculteurs Bio : plus de biodiversité dans les parcelles = un meilleur contrôle des ravageurs ! Un exemple : une alouette des champs peut se nourrir de plusieurs milliers (!) de graines d’adventices par jour. N’essayez pas ça chez vous.


Pour conclure : ‘faut y aller, là !


Impossible ici de vous répéter l'intégralité de ce qui a été dit au cours de cette journée. Mais demandez à ceux qui y sont. Il paraît qu’ils sont ravis. Et nous aussi. Au cours de ce Congrès, on a vu de la motivation, de l’espoir, un peu de colère ou d’incompréhension parfois, mais surtout beaucoup d’envie. Envie de reconnaissance, de perspectives et de faire comprendre que les agricultrices et agriculteurs Bio travaillent pour et avec la collectivité.


De son côté, l’UNAB est reconnue par les acteurs agricoles et institutionnels comme un interlocuteur fiable et constructif. Le statut de syndicat agricole reconnu obtenu en 2022 nous a permis de participer aux négociations PAC, aux discussions sur le soutien à l’approvisionnement Bio des collectivités, à l’élaboration des règlements Bio,…

Aujourd’hui, nous avons envie d'avancer plus vite, plus fort, plus loin, en fédérant l’ensemble du secteur Bio wallon et belge et en mettant les moyens là où il faut : communication, coordination, synergies.

Car le Bio, on y croit fermement depuis 1984 : c’est maintenant, et c’est l’avenir !


 

Ci-dessous, retrouvez les présentations Powerpoint des différents intervenants du Congrès












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