Filières bio : les défis
Filière par filière, comment se porte le bio wallon ?
Contact : Thierry Van Hentenryk - 0494/39 41 13 - thierry.vh@unab-bio.be
Les plans de développement filières sont coordonnés par Vincent Pautré et Camille Joubert, chargés de mission "plans filières" au sein du Collège des producteurs.
Etat des lieux 2024
Oeufs bio et poules pondeuses
Avec 17 % de parts de marché, les œufs bio belges occupent de loin la première place des produits bio achetés et pourraient avoir un impact majeur pour l'agriculture biologique. Près de 700 000 poules pondeuses certifiées bio, dont la moitié en Wallonie, illustrent une filière bien structurée. Les producteurs et transformateurs assurent un approvisionnement national constant.
Toutefois, les œufs hors calibre (trop petits ou trop grands) peinent à trouver preneur. Autrefois prisés par les artisans boulangers et charcutiers, ils nécessitent une valorisation accrue. Nous invitons les journalistes à encourager ces artisans à les utiliser pour soutenir nos éleveurs.
3 enjeux principaux :
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Structurer la filière au niveau national,
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Développer la vente croisée,
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Valoriser les oeufs hors calibres (trop petits, trop grands)
Contact :
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Agriculteur.trice : Bertrand Counet, le Petit Bomal à Durbuy
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Chargé.e de la structuration de la filière : Catherine Colot, Collège des Producteurs
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Chargé.e du développement de la filière : Mélanie Mailleux, Biowallonie
Légumes Bio
Sur les 10 légumes préférés des Wallons, 7 peuvent être produits localement et en bio. Alors pourquoi ne rencontrent-ils pas plus de succès ? Bien que les grandes surfaces jouent parfois le jeu du bio, elles privilégient souvent les importations pour prolonger la saison.
Les franchisés en grande surface estiment à 10% la part du chiffre d’affaires en plats préparés. Comment encourager l'innovation dans les plats à base de légumes bio wallons ?
Les stratégies actuelles pour augmenter la consommation de fruits et légumes sont peu efficaces. En 2009, après 10 ans de campagne "manger 5 fruits et légumes par jour" en France, la consommation de légumes n'avait augmenté que de 2 kg par an et par habitant, contre 10 kg pour les fruits. Les fruits sont perçus comme des "produits plaisir" et faciles à consommer, contrairement aux légumes.
Le snacking sain, en plein essor depuis le COVID et le télétravail, pourrait être une opportunité pour le secteur. Selon un baromètre de 'D'aucy', 45 % des consommateurs français veulent des recettes avec des ingrédients biologiques et 69 % souhaitent des produits de saison.
Les enjeux :
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Améliorer la promotion de la consommation en légumes bio locaux (investir les campagnes conventionnelles pour toucher une audience plus large et participer à l’objectif commun d’augmenter la part de légumes dans l’assiette),
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Travailler avec les acteurs de la distribution pour partager une information en temps réel au consommateur (booster les ventes d’un légume bio en particulier dans son pic de saisonnalité wallonne, sujet à de fortes perturbations climatiques (ex. 2024),
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Stimuler et initier le développement d’une nouvelle industrie spécialisée dans la création de plats préparés à destination des GMS (créer un incubateur d’entrepreneurs et booster la création de nouvelles industries spin-off, start-up, scale-up faisant la part belle aux légumes bio wallons)
Contact :
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Agriculteur.trice : Caroline Devillers, Belgobio et Robert Lisart, Ferme Quenestine
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Chargé.e de la structuration de la filière : Mathilde Eck, Collège des Producteurs
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Chargé.e du développement de la filière : Audrey Warny, Biowallonie
Céréales et protéagineux Bio pour l’alimentation humaine
Un des défis majeurs avec les aléas climatiques est la maîtrise d’une qualité technologique adéquate, variable d’un débouché à l’autre. Aussi, compte tenu de la baisse récente du pouvoir d’achat, le prix reste le principal critère d’achat des consommateurs. Un des enjeux sera donc de travailler sur ce prix ou sur sa perception par le consommateur. Cela pourra passer par une meilleure optimisation des coûts de production (notamment dans les étapes pré-transformation de groupage, triage, stockage) encore élevés au vu des volumes confidentiels produits pour l’alimentation humaine actuellement.
Contact :
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Agricultrices : Clotilde de Montpellier, Farm for Good & Isabelle Coupienne, Graine de Curieux
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Chargé.e de la structuration de la filière : Camille Joubert, Collège des Producteurs
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Chargé.e du développement de la filière : Pierre Yves Vermer, Biowallonie
Fruits bio
La production de fruits bio en Wallonie connaît une croissance prometteuse. Cependant, les producteurs doivent composer avec des défis tels que les maladies fongiques, tout en respectant des régulations strictes sur les traitements curatifs (cuivre, principalement). Quels sont les moyens pour ces agriculteurs de maintenir une production rentable et durable face à ces contraintes ?
Toujours en quête d'alternatives, les producteurs et productrices s'efforcent de réduire leur dépendance au cuivre. Cependant, l'interdiction totale de celui-ci risquerait de compromettre la viabilité de nombreuses exploitations Bio, notamment dans les vignes, vergers et cultures de pommes de terre, malgré leur engagement pour une agriculture saine et respectueuse de l'environnement.
Contacts
Présents dans la tente En Terre Bio, n’hésitez pas à prendre contact avec :
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Agriculteur.trice : Pierre-Marie Laduron, De la Fleur au Fruit
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Chargé.e de la structuration de la filière : Mathilde Eck - Collège des Producteurs
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Chargé.e du développement de la filière : Mélanie Mailleux - Biowallonie
Bovins viande Bio
En France, 50 % des acheteurs de viande bovine bio en magasin spécialisé bio en gardent une perception négative en raison des émissions polluantes de l'animal. Pourtant en Wallonie, le bovin bio représente le secteur n°1 en termes de surface agricole certifiée, grâce à ses nombreuses prairies. Ces prairies, extensives, contribuent largement à la qualité de l'eau potable, de l'air, à la pollinisation, à la biodiversité et à la régulation du climat. Alors pourquoi ces externalités positives n’arrivent pas jusqu’au consommateur?
Par exemple, sans la circularité du fumier bovin, l'agriculture biologique telle que nous la connaissons n'existerait pas. Les maraîchers et céréaliers bio ne pourraient pas fertiliser leurs sols aussi efficacement, compromettant la production de légumes, de fruits et de céréales qui remplissent nos assiettes quotidiennement.
Limousine, Blonde d'Aquitaine, Parthenaise, Blanc Bleu Mixte, Salers, Angus, Charolaise, Aubrac, Highland, Galloway ou Simmental, que ce soit pour des pièces à mijoter, à griller, à poêler, à rôtir ou à braiser, les élevages bovins bio en Wallonie offrent une diversité gustative incomparable.
Seul défaut à l’histoire, nos éleveurs ont été les pionniers du bio et arrivent aujourd’hui à l'age de la pension. Comment motiver les jeunes repreneurs à s’investir dans une filière bovine bio, dont l’accès au foncier, la rentabilité et l’avenir du secteur sont menacés?
Enjeux
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Sensibiliser les citoyens aux externalités positives des bovins en agriculture certifiée biologique : on besoin d'engrais organiques, de prairies. La clé : Mieux mais Moins.
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Diffuser publiquement les besoins et attentes des 6 grands groupes GMS vis-à-vis de la filière viande bovine bio, inviter les futurs repreneurs à s’imaginer, à s’identifier dans une filière et investir dans l’engraissement de leur cheptel,
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Augmenter le catalogue produits au sein des magasins pour favoriser l’équilibre carcasse et le soutien d’une filière et des ses métiers en pleine transmission.
Contact
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Agriculteur.trice : Clotilde de Montpellier et Bertrand Counet, éleveuse et éleveur d’Angus, Arnaud Hérin, éleveur de Salers et boucher artisan bio
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Chargé.e de la structuration de la filière : Quentin Legrand - Collège des Producteurs
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Chargé.e du développement de la filière : Sophie Engel - Biowallonie
Bovins laitiers Bio
La filière du lait et des produits laitiers bio semble également souffrir de la concurrence des laits fermiers et laits végétaux et peine à démontrer sa valeur ajoutée. Les marges bénéficiaires sont souvent assez faibles et avec le dérèglement climatique, la qualité et la disponibilité du fourrage peut être mise à mal, entachant encore davantage la rentabilité des fermes. La coopération éleveurs-transformateurs-distributeur est essentielle pour assurer la stabilité de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement.
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Agriculteur.trice : Marc André Henin de la ferme d’Esclaye
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Chargé.e de la structuration de la filière : Catherine Bauraind - Collège des Producteurs
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Chargé.e du développement de la filière : Sophie Engel - Biowallonie
Poulets de chair Bio
Le secteur du poulet bio traverse une année difficile, menaçant de s’effondrer. La pression du Better Chicken Commitment (BCC) et d’autres filières intensives conventionnelles poussent les éleveurs de poulets bio à abandonner la filière en quête de rentabilité. En raison de l'absence de contrôle et de gains financiers plus élevés, ces éleveurs remettent en question leur modèle d'élevage, pénalisant le bien-être animal, plus de 30 ans de développement d'une filière bio, et la crédibilité du label bio de haute qualité qui avait atteint une masse critique permettant une acceptation totale du consommateur.
La situation est aggravée par la pression exercée auprès des organismes d’encadrement, de certification et de contrôles rendant plus difficile le maintien des normes strictes de l'agriculture biologique. Cette situation crée une incertitude parmi les consommateurs quant à l'authenticité des produits bio. Financièrement intéressant, l’élevage bio souffre d’une concurrence du secteur intensif conventionnel ultra compétitif qui propose un modèle à court terme créant un déséquilibre complet de la filière.
Enjeux :
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Renforcer les contrôles et la traçabilité pour assurer à l’éleveur et au consommateur une certification biologique garantissant la qualité et l’authenticité du label,
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Développer des incitations financières privées entre les éleveurs pour compenser les coûts plus élevés de la production bio et rendre la filière plus compétitive par rapport aux alternatives non bio.
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Éduquer et sensibiliser les consommateurs sur les avantages des produits bio, y compris les aspects de bien-être animal et de durabilité de l’approvisionnement des aliments pour le poulet de chair, encourager une demande plus forte pour les poulets bio et soutenir ainsi la filière.
Contact :
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Les éleveurs et éleveuses de la coopérative Coq des Prés, Jean François Noël,
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Chargé.e de la structuration de la filière : Catherine Collot - Collège des Producteurs
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Chargé.e du développement de la filière : Mélanie Mailleux - Biowallonie
Porcs Bio
Le propre de la filière porc bio est de reposer sur l’artisanat : on compte environ 10 fois moins d’éleveurs bio qu’en bovin (76 en Wallonie) !
La commercialisation passe par le circuit-court, indépendant ou coopératif, en favorisant le lien avec le boucher de proximité et les magasins spécialisés bio qui font la part belle à la viande porcine bio et la charcuterie fine.
Aujourd'hui, le challenge de la filière est double :
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Augmenter d’environ 500 tonnes la commercialisation de charcuterie fine bio,
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Renforcer le métier de boucher-charcutier qui a perdu 20% de ses artisans en 5 ans et 40% de ses apprenants en 10 ans,
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Rendre à nouveau attractive la filière qui souffre du syndrome “NIMBY” * en plus des conséquences des multiples crises sanitaires.
*syndrome NIMBY : l'attitude qui consiste à n'accepter un projet (ici, une porcherie) que pourvu qu'il se fasse ailleurs
Contact :
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Les éleveurs et éleveuses de la coopérative Porc Qualité Ardennes, Merry Michel,
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Chargé.e de la structuration de la filière : Delphine Marchal, Collège des Producteurs,
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Chargé.e du développement de la filière : Bruno Craeye, Biowallonie.
Céréales et protéagineux Bio pour l'alimentation animale
Les précédentes crises ont révélé la nécessité de relocaliser la production agricole. Or pour l’alimentation animale, l’autosuffisance est encore assez lointaine malgré l’importance de l’élevage sur le territoire (2/3 des fermes bio wallonnes, Chiffres du Bio Biowallonie, 2023) entraînant une certaine dépendance aux importations (et aux prix fluctuants du marché). Plusieurs raisons expliquent cela, notamment une faible valorisation des matières premières à destination de l’alimentation animale (en comparaison à la valorisation pour l’alimentation humaine), un manque d’équipement localement pour réaliser les étapes de triage, stockage, des difficultés techniques à la production de protéagineux, et des faiblesses réglementaires (obligation de différencier les cultures bio/non bio sur les fermes mixtes, mise en oeuvre de la règle de régionalité pour l’alimentation animale).
Contact :
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Agriculteur.trice : Jean François Noël, Coq des Prés et consultant indépendant sur les questions feed.
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Chargé.e de la structuration de la filière : Camille Joubert, Collège des Producteurs
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Chargé.e du développement de la filière : Bruno Craeye, Biowallonie